« Washington, 1937. John Clark, journaliste photoreporter de 22 ans, est engagé par la Farm Security Administration, l’organisme gouvernemental chargé d’aider les fermiers victimes de la Grande Dépression. Sa mission : témoigner de la situation dramatique des agriculteurs du Dust Bowl. Située à cheval sur l’Oklahoma, le Kansas et le Texas, cette région est frappée par la sécheresse et les tempêtes de sable plongent les habitants dans la misère.
En Oklahoma, John tente de se faire accepter par la population. Au cours de son séjour, qui prend la forme d’un voyage initiatique, il devient ami avec une jeune femme, Betty. Grâce à elle, il prend conscience du drame humain provoqué par la crise économique. Mais il remet en question son rôle social et son travail de photographe…
Après Le Retour de la bondrée (Prix Saint-Michel du meilleur album) et L’Obsolescence programmée de nos sentiments (en collaboration avec Zidrou, Prix d’argent du Japan International Manga Award), Aimée de Jongh signe un récit émouvant, inspiré par des faits historiques et nourri par un séjour sur place. » (Présentation éditeur)
Une triple prise de conscience pour John Clark…
Ou comment les hommes font leur propre malheur : en deux pages délicieusement colorées qui nous rappellent que « c’est dur à imaginer aujourd’hui, mais les plaines d’Oklahoma étaient alors paradisiaques, l’herbe verte, le ciel bleu, l’air pur…
(…) Dans les années qui ont suivi, de plus en plus de fermiers se sont installés, leur bétail a brouté toute l’herbe jusqu’au dernier brin et ils ont labouré la terre de long en large. Si seulement ils avaient su ce que nous savons… Vous voyez, c’est l’herbe qui donnait sa cohésion à la terre. Une fois que l’herbe a été retirée, la couche supérieure de la terre a commencé à s’éparpiller dans l’air au moindre coup de vent, la poussière et le sable se sont mis à former d’épais nuages noirs. C’est ainsi que le Dust Bowl est né.
On ne peut pas tout mettre sur le dos des fermiers. C’est à cause de la sécheresse et de la chaleur que les tempêtes de poussière ont persisté. Mais c’est une région qui a toujours été connue pour ses périodes sèches et ses canicules. Et pourtant, on n’y avait encore jamais connu ce genre de tempêtes dévastatrices… »
Mais si « l’image en dit plus que mille mots« , a-t-on pour autant le droit de tout photographier ?
Sans parler de tout ce qui ne peut être capté par l’appareil. « Qu’est-ce qui fait une bonne photo ? On s’attache généralement à l’éclairage, à la composition, au sujet… Mais ne faudrait-il pas aussi prendre en compte ce qui est en dehors du cadre ? Tout ce que le photographe n’a pas pu saisir ?«
Et, dernière prise de conscience pour ce jeune photo-reporter, quelle – mauvaise – raison intime l’a poussé à devenir photographe ?
Le Dust Bowl a disparu en 1939, mais pourrait revenir suite à « l’expansion rapide des terres agricoles, à la fréquence constatée des sécheresses et au réchauffement climatique. »
Et si John Clark est né de l’imagination d’Aimée de Jongh, de nombreux photographes de renom se sont faits connaître grâce au programme photographique de la Farm Security Administration, comme Dorothea Lange ou Walker Evans.
Et c’est grâce aux archives de la FSA que John Steinbeck avait pu réunir la documentation nécessaire pour écrire « Les raisins de la colère« .