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« Baba ! » (terminé)

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Christophe LEON : Baba ! (La Joie de Lire, coll. Encrage, 2021)

« Fatima se souvient. De son enfance à Alger, de la gentillesse de son père, de l’humour de sa mère, de ses chamailleries avec son petit frère. Sur fond des événements politiques qui ont secoué l’Algérie au début des années 1960 en vue de son indépendance, se dessine une enfance à priori comme les autres. Jusqu’à ce 11 novembre 1960 où baba, le père de Fatima, disparaît subitement. Cette disparition marque la fin du temps de l’innocence pour la petite fille. Dans une manifestation pour l’indépendance de l’Algérie, Fatima lâche malencontreusement la main de sa mère, la perdant de vue. Alors qu’elle tente de la retrouver parmi la foule, elle se fait tirer dessus. Elle est soignée à l’hôpital avant d’être envoyée, en compagnie d’autres enfants algériens, à destination de la France.
À Paris, un couple adopte Fatima. Bienveillante en apparence, sa mère adoptive se révèle rapidement incarner les idées et croyances racistes de l’époque. Fatima devient « Fabienne » et essuie remarques désobligeantes et violences. Mais elle est persuadée que sa famille est encore vivante et fugue dans l’espoir de rejoindre Alger. Sur sa route, elle rencontre Solange, une parisienne malmenée par la vie, qui la met en contact avec Salim, un activiste pour l’Indépendance de l’Algérie. Grâce à eux, elle parvient à regagner sa ville natale…

De son écriture rythmée et percutante, Christophe Léon aborde un sujet brûlant d’actualité : la séparation forcée des familles par un gouvernement. Un roman sous tension qui se lit d’une traite. » (Présentation éditeur)

Ces dernières années, en effet, on ne cesse de « découvrir » que nombre pays occidentaux ont, dans les décennies précédentes, arraché des enfants à leurs familles, enfants d’opposants politiques en Amérique latine, enfants amérindiens en Amérique du nord, enfants aborigènes en Australie, etc. Des enfants réunionnais l’avaient été par la France, entre 1963 et 1982, envoyés en particulier dans le département de la Creuse.

Christophe LEON en profite pour rappeler les événements politiques en Algérie et en France dans les années 1960. Leïla SEBBAR avait publié en 2009 chez Actes Sud un livre sur ce sujet, ainsi que d’autres écrivains pour la jeunesse, et ce depuis les années 70.

Ceci dit, j’ai trouvé « Baba ! » un peu elliptique, parfois caricatural… Dommage !

« Ils ne mouraient pas tous… »

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Ludmila OULITSKAIA : Ce n’était que la peste . Scénario (Gallimard, 2021)

« Moscou, 1939. Le biologiste Rudolf Mayer a parcouru plus de huit cents kilomètres pour présenter aux autorités ses recherches sur une souche hautement virulente de la peste. Ce n’est qu’après cette réunion qu’il comprend qu’il a été contaminé, et que toutes les personnes qu’il a croisées peuvent l’être également.
La police soviétique déploie alors un très efficace plan de mise en quarantaine. Mais en ces années de Grandes Purges, une mise à l’isolement ressemble à une arrestation politique, et les réactions des uns et des autres peuvent être surprenantes.
Dans ce texte datant de 1988, Ludmila Oulitskaïa donne à voir ce qui peut se passer lorsqu’une épidémie éclate au cœur d’un régime totalitaire. Découvert en Russie au printemps 2020, ce texte inédit, plein d’humour et d’humanisme, résonne singulièrement dans le contexte mondial de la pandémie de coronavirus.
« (cf. 4ème de couverture)

« Une question se pose avec une acuité nouvelle : quel mal est le plus terrible – celui des cataclysmes naturels et des épidémies, ou celui qui est généré par l’homme ? » interroge Ludmila Oulitskaïa

Cent trente sept pages enlevées pour, à la fois, nous replacer dans le contexte terrifiant de la Russie de Staline et nous amener à réfléchir à la situation actuelle dans le monde :

« J’espère qu’il va se produire une réévaluation des priorités. J’espère qu’on va augmenter le financement de la science en général et de la médecine en particulier. Il est possible que le système politique mondial, préoccupé avant tout par des intérêts égoïstes et nationaux, change et s’oriente davantage vers le bien-être des populations, et non vers des objectifs politiques… Mais on ne peut pas non plus exclure un durcissement général du pouvoir.

(…) Et cela dépend de nous. » (p. 137)

« Blanc autour »

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Wilfrid LUPANO et Stéphane FERT : Blanc autour (Dargaud, 2020)

« 1832, Canterbury. Dans cette petite ville du Connecticut, l’institutrice Prudence Crandall s’occupe d’une école pour filles. Un jour, elle accueille dans sa classe une jeune noire, Sarah.

La population blanche locale voit immédiatement cette « exception » comme une menace. Même si l’esclavage n’est plus pratiqué dans la plupart des États du Nord, l’Amérique blanche reste hantée par le spectre de Nat Turner : un an plus tôt, en Virginie, cet esclave noir qui savait lire et écrire a pris la tête d’une révolte sanglante. Pour les habitants de Canterbury, instruction rime désormais avec insurrection. Ils menacent de retirer leurs filles de l’école si la jeune Sarah reste admise.

Prudence Crandall les prend au mot et l’école devient la première école pour jeunes filles noires des États-Unis, trente ans avant l’abolition de l’esclavage. Nassées au coeur d’une communauté ultra-hostile, quelques jeunes filles noires venues d’un peu partout pour étudier vont prendre conscience malgré elles du danger qu’elles incarnent et de la haine qu’elles suscitent dès lors qu’elles ont le culot de vouloir s’élever au-dessus de leur condition. La contre-attaque de la bonne société sera menée par le juge Judson, qui portera l’affaire devant les tribunaux du Connecticut. Prudence Crandall, accusée d’avoir violé la loi, sera emprisonnée…

La douceur du trait et des couleurs de Stéphane Fert sert à merveille ce scénario de Wilfrid Lupano (Les Vieux Fourneaux), qui s’est inspiré de faits réels pour raconter cette histoire de solidarité et de sororité du point de vue des élèves noires. » (cf. Présentation éditeur)

Serialblogueuses a présenté plusieurs fois des romans graphiques de Wilfrid Lupano qui nous avaient plu, celui-ci ne fait pas exception à la règle.

Plus dramatique que les précédents, il rapporte l’histoire vraie de la Canterbury female school de Prudence Crandall, détruite et incendiée en 1834 par une troupe d’hommes blancs, dont des notables de la ville. Pourtant tous nourris à la lecture de la Bible, mais enragés à l’idée que des jeunes filles noires ou métisses puissent accéder à la même éducation que leurs propres filles.

Une lecture nécessaire.

Loving – Film réalisé par Jeff Nichols

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Magnifique film tiré de l’histoire vraie de Mildred et Richard Loving amoureux dans les années 60 et dont le seul tort était de ne pas être de la même couleur de peau.

Emprisonnés, menacés, obligés de partir de Virginie, ils réussiront avec l’aide d’avocats à modifier les lois ségrégationnistes concernant les relations mixtes.

Toute une vie de combat pour réussir à mener une vie simple, et que leurs enfants ne soient pas traités de « bâtards« .

DVD à la bfm

Never rarely sometimes always – Film de Eliza Hittman

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Une belle réalisation qui exprime magnifiquement la solitude que ressent une adolescente confrontée à une grossesse non désirée.

La Pennsylvanie ne semble pas être l’état américain le plus réceptif à l’avortement. Automn, 17 ans, ne peut pas compter sur ses parents pour la soutenir et trouver de l’aide. Elle se rend seule dans un centre, fait une échographie, rencontre une docteure qui l’incite à garder le bébé (en lui montrant des images sur les IVG, les embryons).

Décidée, Autumn part à New-York pour avorter. Heureusement, sa cousine, qui est la seule sur qui elle peut compter, l’accompagne.

Elle réalise, après une échographie, qu’elle n’est pas à 10 mais 18 semaines. Les filles doivent donc rester plus longtemps que prévu. Galère pour dormir (métro, hall de gare), galère pour manger…Tout s’accumule pour rendre la situation poignante et courageuse à la fois.

Le film retranscrit parfaitement l’immense solitude que doivent connaître les filles dans cette situation : sans parents pour les aider, sans l’appui du géniteur, en repoussant les « oiseaux de mauvais conseil ».

Finalement ce qui sauve Autumn et Skylar et les rend plus fortes c’est leur envie instinctive de vivre.

A la bfm

Men and chicken – DVD

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Accrochez vos estomacs, ce film est une tuerie! Satire noire sur le thème de la manipulation génétique.

Ils sont fous ces Danois de nous faire des films comme ça ! Réalisé par Anders-Thomas Jensen en 2015, avec Mads Mikkelsen (« Drunk », « La chasse »…) et David Dencik.

Gabriel et Elias viennent de perdre leur père. Une cassette vidéo leur apprend qu’ils ont été adoptés. Ils partent retrouver leur père biologique (Evelio Thanatos… Ca ne s’invente pas!) sur l’île d’Ork.

Quelle surprise quand ils découvrent l’existence de trois autres frères avec le même problème physique : un bec de lièvre et des tocs très inquiétants.

Tous les cinq vont vivre ensemble dans un manoir délabré au milieu des poules, lapins et bœuf reproducteur. Ces animaux vont les éclairer sur la nature des expérimentations de leur géniteur.

On découvre un Mads Mikkelsen en beauf, pervers excité, à contre-courant de ce qu’on a l’habitude de ressentir dans son jeu : comme quoi il est très bon acteur si quelqu’un en doutait encore!

Âmes sensibles s’abstenir !

A la bfm

Cannibale

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Cannibale

 » Ses yeux sombres grands ouverts, semblables à deux lacs insondables, fixaient le vide. Elle pouvait avoir 16 ou 17 ans. Malgré lui, Clément fut secoué d’un frisson. L’expression de cette fille était terrifiante, comme si elle avait rencontré le diable, qu’elle avait longuement livré bataille avec lui et ne s’en était pas sortie victorieuse. « 

Une belle nuit d’été, un groupe de lycéens, une course d’orientation qui finit mal : deux adolescents disparaissent. Roxane est retrouvée en état de choc. Ou est passé Rafael ?

Le capitaine Marin est en charge de l’enquête. Que c’est-il passé cette nuit là ?

Petit à petit il va découvrir que la victime n’est pas celle que l’on croit et qu’il va lui falloir lutter contre les évidences.

«  J’ai envie de hurler. Je dois me contenter de chuchoter.

Mort.Mort. Mort.

Ma voix le fait s’arrêter .

Il lâche le placard, repousse la porte, il me détaille sans se gêner, regarde de nouveau à l’intérieur de l’armoire.

Ça suffit.

La sonnette.

Barre-toi, connard.

Vraiment un excellent roman policier, flippant à souhait même si la fin m’a un peu laissé sur ma faim !!!