Archives de Tag: humour

Déchets or not déchets

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Anne BELOT : Déchets land. La face cachée de nos déchets (Thierry Souccar, 2021)

« Que deviennent nos déchets une fois qu’on les a jetés dans le bac vert ou le bac jaune ? Peut-on dormir sur nos deux oreilles, le devoir du trieur accompli ? Découvrez-le en lisant Déchets Land !!! Avec son crayon et une solide connaissance du domaine, Anne Belot mène une enquête pleine d’humour sur le destin de nos déchets : ceux qu’on stocke, qu’on brûle, les sauvages, les délocalisés… ou encore les « recyclables » qui finissent en fumée dans l’incinérateur !

Cette BD-documentaire menée tambour battant multiplie les révélations dérangeantes… Et au fait, à qui profite la prolifération des déchets ? On découvre que le décor de la gestion des déchets dissimule un gigantesque dépotoir qui asphyxie la planète. Gérer les déchets ne suffit plus… Seule solution : les réduire à la source ! Comment ?

Collectivement, en douceur, chacun à son rythme, en apprenant à consommer moins et mieux, en suivant les principes de la démarche zéro déchet.Toujours avec humour, Anne Belot expose les actions individuelles et collectives qui s’offrent à nous pour réussir cette transition, et, au passage, nous éclaire sur nos biais cognitifs. Afin que chacun puisse agir efficacement et sereinement.

Alors, on s’y met ? » (cf. 4ème de couverture)

Une BD extrêmement dense qui dé(cons)truit toutes nos illusions au long de ses 230 pages. Qui explique également comment novlangue, manipulation, « greenwashing » bien médiatisé, travaillent à empêcher notre cerveau de réagir avec bon sens, nous créent de faux besoins, envoient de fausses informations, nous culpabilisant au passage…

Une fois qu’Anne Belot nous a persuadés de l’illusion écologique du recyclage, elle propose des solutions, chacun à son rythme, qu’on vive en ville ou à la campagne, etc., jusqu’au « zéro déchet ».

Et même si ce stade ultime vous paraît difficile voire impossible à atteindre, prendre conscience qu’on nous berne et reprendre la main sur notre consommation en limitant au maximum le gaspillage, est un premier pas gratifiant pour notre mental, notre santé et, espérons-le, la planète !

Désespérance à gogo

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Vincent MONDIOT : Les derniers des branleurs (Actes sud Junior, 2020)

« Pour Minh Tuan, Chloé et Gaspard, l’avenir se résume à la journée d’après. Les cours séchés, les joints partagés, les mangas lus dans la chambre de l’un, les jeux vidéo terminés dans la chambre de l’autre… Ils partagent tout, de leur désespoir tranquille à leur désintérêt absolu pour leur scolarité. Mais lorsque Tina, une jeune migrante bien plus sérieuse qu’eux, rentre dans l’équation, soudain, la possibilité de décrocher leur bac va devenir tangible pour ces trois branleurs autoproclamés. Mais en restant fidèles à leurs principes : le diplôme, ils ne l’auront pas en révisant…. » (cf. présentation éditeur)

Sur son blog, Vincent Mondiot écrit à propos de ce roman : « (…) Troisième collaboration avec Actes Sud Junior, pour un roman dans lequel j’ai essayé d’être plus léger que d’habitude. Je n’y suis évidemment parvenu qu’à moitié. (…) »

Alors pour vous mettre en condition, je vous suggère de lire d’abord sa nouvelle « Les écureuils« .

Ensuite plongez dans le roman !

450 pages sur un semestre de Terminale dans le « monde d’avant » pour un trio dont la désespérance n’a d’égal que le côté obsessionnel du vocabulaire et des intérêts.

Mais comme leur prof de SES, Elise Danverre, et Tina la jeune Congolaise – peut-être les deux seuls personnages foncièrement positifs de cette histoire -, on se prend d’affection pour Chloé, Gaspard et Minh Tuan et l’on en vient à regretter que « Janvier », le dernier chapitre, ne soit pas le début d’un second volume…

Et puis j’ai bien aimé les innombrables notes dans les marges, ouvrant des fenêtres sur toutes sortes de sujets, des mangas au cinéma en passant par la musique et la politique, ou renseignant sur des personnages connus comme de second rôle. Loin d’alourdir le récit, elles l’allègent avec humour, tout en l’ancrant dans l’époque.

Un élève Averty en vaut deux

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Anne-Gaëlle BALPE : Comment je vais devenir écrivain… « si tout va bien »
(Milan, « Littérature 10-14 ans », 2020)

« Une fois chez moi, je range le cahier dans un de mes tiroirs, sous un tas de feuilles. D’abord, pour le cacher, mais aussi, et surtout, pour l’oublier. Oublier que je suis ce garçon débile qui a volé le carnet d’une écrivaine sans aucune raison, juste parce que je me suis senti coupable d’avoir regardé dedans. J’ai l’air malin, maintenant, avec ce truc chez moi. Qu’est-ce que je vais en faire ? Je ne peux quand même pas le jeter ! Et si Pauline Sauveterre avait toutes ses idées dedans ? Et si, à cause de moi, elle ne pouvait plus jamais écrire ? De toute sa vie ? »
Et voilà comment Samuel, jeune collégien, se découvre une passion pour l’écriture. Mais comment assumer, à 11 ans, qu’on est un voleur et un écrivain en herbe ? »
(Présentation éditeur)

Samuel Averty joue au rugby… Et a priori rien ne le prédestine à devenir écrivain, surtout avec un copain qui ne pense qu’à décorer sa chambre avec des images de rugbymen. C’est la raison pour laquelle ils font une incursion à la médiathèque, histoire de décalquer quelques chouettes images du « Livre d’or du rugby » et autres documentaires.

Sauf que… ce mercredi-là, la bibliothécaire cherche des volontaires pour participer à un atelier d’écriture avec une écrivaine.

« En fait, je n’y aurais jamais cru. Que je sois capable d’écrire. Une histoire, inventée par moi ! D’ailleurs, les dix premières minutes, c’était la panique totale. Je n’avais qu’une envie : laisser ma feuille et mon stylo, partir sans me retourner et ne plus jamais mettre les pieds dans cette médiathèque. Mais avant que je passe à l’action, l’autrice nous a fait faire un petit jeu : trouver le maximum de noms d’objets, puis le maximum d’adjectifs évoquant le mystère. Ensuite, on a cherché une liste de prénoms. Elle a tout écrit sur le tableau. Et bizarrement, ça m’a détendu. Trouver un nom d’objet, c’était quand même facile. Et sans m’en rendre compte, j’ai participé, j’ai oublié que j’étais là pour écrire. Ensuite, on a dû choisir un objet, un adjectif et un prénom original. Moi, j’ai pris « ballon de rugby », « maléfique » et « John ». Du coup, le titre de mon histoire, c’était « John et le ballon de rugby maléfique ». Ça me donnait trop envie d’imaginer ce qu’il pouvait se passer.« 

A la fin de l’atelier d’écriture, Samuel aide à ranger la salle et trouve un cahier oublié.

« J’ai refermé le cahier d’un coup sec avec l’impression d’avoir fait une grosse bêtise. D’être entré chez quelqu’un sans en avoir le droit et de l’avoir vu à poil, par exemple. Ou, pire, comme dans ce film où un enfant se trouve au mauvais moment au mauvais endroit et a des tas d’ennuis ensuite parce qu’on découvre qu’il a été témoin d’un meurtre. Bon, là, c’était moins grave qu’un crime, mais quand même : j’avais lu le carnet de notes d’une écrivaine ! Mais comment je pouvais deviner, moi ? C’était un cahier tout bête avec une couverture rouge ! Super abîmé, en plus !

En panique, j’ai caché l’objet sous mon pull. Pourquoi ? Aucune idée. Mais c’était ce que mon cerveau me dictait de faire. »

Samuel va donc lire le carnet de Pauline Sauveterre et y découvrir, outre les réponses qu’elle fait aux élèves lors de rencontres scolaires sur ses techniques et ses motivations, de véritables conseils que Samuel va mettre en pratique à la maison pour continuer son histoire de ballon maléfique.

Il y a une petite intrigue, une fâcherie avec son copain Thomas, une fille qui s’avère sympa dans leur classe de 6e, des 3èmes odieux, la découverte du CDI et sa documentaliste, mais l’intérêt repose surtout sur les « notes » de Pauline Sauveterre qui peuvent profiter à n’importe quel écrivain en herbe.

« Age tendre »… et tête de bois

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En commençant ce nouveau roman de Clémentine BEAUVAIS, « Age tendre » (paru aux Editions Sarbacane en 2020), je me suis dit que j’avais dû rater quelque chose ces derniers temps avec la circulaire sur le « Service Civique Obligatoire » de dix mois entre l’année de troisième et l’année de seconde !

D’habitude c’est plutôt une petite semaine de stage de découverte du milieu professionnel où après avoir vainement cherché là l’endroit qui nous plairait vraiment, on se retrouve là où l’on veut bien de nous et ce n’est pas toujours très « fun ».

Donc je plonge dans le rapport de stage. Non ! de Service Civique Obligatoire de Valentin Lemonnier qui nous annonce d’emblée que les trente pages à ne pas dépasser ont été multipliées par dix.

Jusque là, je ne vois toujours pas le rapport avec la couverture du livre :

Mais petit à petit, on comprend que Valentin – grand timide hypersensible et fragilisé par la séparation de ses parents – qui habite dans le Tarn, se retrouve pour dix mois à près de mille kilomètres d’Albi, à Boulogne-sur-mer dans le Pas-de-Calais. Qui plus est dans un centre pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, alors qu’il avait inscrit « culture » en premier voeu pour son « serci ».

Que la personne qui préside aux destinées de la France est une femme et qu’il s’agit de son deuxième mandat.

Et que les « personnes en fin de vie atteintes de démence » ne sont pas reléguées dans de sinistres mouroirs, mais dans des « unités mnémosynes », établissements publics de pointe spécialisés dans la fin de vie des personnes atteintes de démence, qui reconstituent de manière minutieuse les environnements de jeunesse des patients...

Et Valentin d’intégrer la section B spécialisée dans les années 1960-70, auxquelles il ne connait rien.

« La section B, comme chacune des sections, est construite comme un morceau de ville avec des maisons accolées les unes aux autres, une rue (rue Georges Perec), un parc (parc Georges Brassens) et un café (Le Georges Pompidou). Tous ces Georges sont des Georges célèbres.

Sur le plan on voit que les espaces extérieurs se trouvent dans un extérieur qui est en fait un intérieur. Exemple : Parc. Le Parc est fait pour ressembler à un parc. Ciel : le plafond est fait pour ressembler au ciel. Pareil pour Rue : la rue est faite pour ressembler à une rue. De même, les Magasins sont faits pour ressembler à des magasins.

Sur le plan on voit qu’il y a un arrêt de bus mais il n’y a pas de bus (j’expliquerai plus tard)« 

Sa première mission va consister à écrire une lettre à l’une des résidentes qui a participé au concours du magazine « Salut les Copains » dans l’espoir que Françoise Hardy vienne chanter pour elle…

Et voici Valentin, ses quinze ans et son petit côté « tête de bois », emportés par la vague yéyé jusqu’au bout de ce roman totalement addictif, hilarant mais également tendre et émouvant. Un régal !

Le roman de Clémentine Beauvais n’est pas totalement une utopie. Car si vous vous demandiez pourquoi les « unités mnemosynes » n’existent pas encore, regardez ce reportage qui montre une expérience toute nouvelle (2020) : un village entièrement dédié à ces malades : le premier village Alzheimer en France (à Dax, dans les Landes) et troisième au monde après Rome et Amsterdam.

Peut-être prennent-ils des jeunes en « service civique » ?

 

 

Avalanche ou papillon ?

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Vive les « exercices de style » !

Mais aujourd’hui il ne s’agit pas de la technique du livre de Raymond Queneau.

Dans « Les faits et gestes de la famille Papillon » (trois volumes parus chez Casterman en 2019 et 2020),

Florence HINCKEL s’est imposée une contrainte particulière : utiliser des photos authentiques et anonymes de la collection de Jean-Marie DONAT.

A partir de ces photos mystérieuses ou loufoques, elle a imaginé la vie d’une famille tout aussi étonnante, la famille Papillon, dont la petite dernière, Eva, vient de fêter ses treize ans.

Or chez les Papillon, treize ans, c’est l’âge charnière, l’âge auquel le garçon ou la fille va découvrir les étranges pouvoirs de sa famille depuis des générations.

« Chez les Papillon, le geste le plus anodin provoque des effets bénéfiques sur le monde, que ce soit la fin d’une guerre ou une invention révolutionnaire. Un simple changement de dentifrice dans la famille pourrait vous faire gagner au loto ! Mais le Bien existe-t-il sans Mal ? Que nenni. Depuis des siècles, une lutte secrète fait rage entre les Papillon et leurs rivaux, les Avalanche, responsables des pires catastrophes de l’Histoire.
Du haut de ses 13 ans, Éva Papillon sera-t-elle digne des exploits de ses aïeux ?  » (Présentation éditeur)

Et nous voici embarqués dans une rocambolesque aventure, au fil des photos qui illustrent les pages.

Parfois l’Histoire vient percuter ce récit par ailleurs totalement irréaliste. C’est drôle et on en redemande pour les vacances.

Et si vous croisez de vieux albums photos dans un vide-grenier, n’hésitez pas à les feuilleter, l’inspiration vous viendra peut-être aussi !

One-punch Man

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One-punch Man / One, Yusuke MURATA / Éditions Kurokawa

série en cours, 21 volumes au Japon, 19 en France

Saitama est un jeune homme sans emploi et sans réelle perspective d’avenir, jusqu’au jour où il décide de prendre sa vie en main. Son nouvel objectif : devenir un super-héros. Il s’entraîne alors sans relâche pendant trois ans et devient si puissant qu’il est capable d’éliminer ses adversaires d’un seul coup de poing. On le surnomme désormais One-Punch Man. Mais rapidement, l’euphorie du succès cède place à l’ennui, car lorsqu’on est si fort, les victoires perdent de leur saveur…

Vendu à plus de 6 millions d’exemplaires au Japon, adapté en animé, et désormais mondialement connu, One-punch Man, à l’origine publié sur internet par One, est un véritable ovni dans le monde du shonen.

Là où la plupart des héros doivent souffrir et s’entraîner sans relâche afin de progresser, Saitama est ici dès le début de l’histoire l’homme le plus fort du monde, voire de l’univers…

Cette originalité va tout au long de l’histoire, et des rencontres du héros, donner lieu à des situations toutes plus farfelues les unes que les autres !

Un manga incontournable, drôle et superbement illustré par Yusuke MURATA, l’auteur du déjanté Eyeshield 21 (manga sur le foot américain), qui rappelle par moment l’hilarant Captain Biceps de Tébo et Zep.

Silver Spoon

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Silver Spoon / Hiromu ARAKAWA / Editions Kurokawa

(série en cours,15 volumes)

Lorsqu’il arrive au lycée agricole Ohezo, situé sur l’île d’Hokkaïdo au nord du Japon, Yûgo Hachiken croit que sa vie sera facile : avec tous ces fils de fermiers incapables d’aligner deux équations, devenir premier de sa classe sera une partie de plaisir !
Mais c’était sans compter les cours d’élevage, de sciences de la nutrition, de gestion agricole et les clubs de sport épuisants… Comment va-t-il faire pour survivre dans cette galère !?

Un succès tant public que critique récompensé par le prestigieux prix Manga Taishô 2012 décerné par les libraires japonais.

Quoi ? Encore une œuvre de ARAKAWA-sensei ?

Et bien oui, quand on a du talent, on fait forcément des ouvrages merveilleux, que voulez-vous…

Après l’excellent Fullmetal Alchemist, Hiromu ARAKAWA nous présente la vie à la campagne, et plus particulièrement dans un lycée agricole (tiré de son expérience personnelle d’ailleurs).

Toujours très drôle, le manga nous propose de découvrir comment vivent et étudient ces jeunes gens, qui seront amenés à reprendre les exploitations agricoles familiales. Là encore les personnages sont de suite attachants. Le regard que porte Yûgo, brillant élève arrivé de la ville, sur ce monde qui lui est inconnu, est d’abord plein de préjugés. Mais il va rapidement évolué aux contacts des autres élèves du pensionnat, en particulier d’Aki et Ichirô, effritant progressivement les écailles de sa carapace, afin de l’aider à s’ouvrir enfin et à vivre sa vie d’adolescent.

Une bouffée d’air pur dans la nature, ça fait du bien !