Comme j’ai déjà présenté ici-même « Furari » et « Sky Hawk », deux albums parmi l’impressionnante production – de qualité – de Jirô TANIGUCHI, vous pouvez vous douter que j’en suis fan. Aussi lorsqu’en fin d’année 2012 j’ai aperçu ce nouveau livre, en flânant parmi les rayons des mangas à la librairie, je n’ai pas attendu Noël pour me l’offrir !
Il s’agit, non d’un nouveau manga, mais d’entretiens de Jirô TANIGUCHI avec Benoît PEETERS. A ceux ou celles qui ignoreraient tout de Benoît Peeters, sachez que c’est un spécialiste d’Hergé certes, mais surtout (pour moi) le complice et scénariste de François SCHUITEN pour « Les cités obscures », bandes dessinées fantastiques aux sublimes dessins d’architecture. Sur les rayonnages des albums ado, vous pouvez trouver « Mary la penchée », personnage étonnant de cette série.
Mais revenons à TANIGUCHI ! Voici la présentation de l’éditeur, Casterman :
« Dans la période où vous réalisiez jusqu’à 120 pages par mois, combien d’assistants aviez-vous ?J’ai eu jusqu’à cinq assistants. Leurs salaires représentaient une grosse moitié de ce que je touchais. Le reste servait à payer le loyer et les frais de la vie courante. Il ne me restait parfois pas assez pour le quotidien et je ne pouvais faire aucune économie. Il m’est arrivé d’être déficitaire certains mois. Heureusement certains succès sont venus ensuite pour compenser. Même si certains auteurs vedettes gagnent beaucoup d’argent, être mangaka est souvent un métier de pauvre. C’est un métier où l’on peut être renommé et pauvre !«
« Pour Le sommet des dieux, des passionnés de haute montagne ont trouvé la mise en scène et les attitudes très justes, étonnamment réalistes. Et j’ai même été invité à participer à un débat avec des alpinistes. J’ai été ravi que des personnes d’expérience me disent que ce que j’avais dessiné correspondait à ce qu’ils ressentaient. Je me suis dit que je ne m’étais pas trompé. Comme j’avais travaillé à partir de documents, je gardais un peu d’inquiétude, mais leurs commentaires m’ont rassuré.
C’est donc la preuve que, sans quitter votre table, vous pouvez avoir une sorte d’expérience de la montagne, essentiellement à travers le dessin…Quand je dessinais, oui, je me mettais dans la situation de celui qui grimpe et je tentais d’imaginer ce qu’un alpiniste peut ressentir quand il est en pleine action. Ou ce que ça peut faire de ne plus rien voir autour de soi, lorsqu’il fait totalement noir. Je dessinais en essayant de visualiser tout cela de la manière la plus crédible… (…) C’est ce qu’on dit souvent du métier de mangaka : il faut être à la fois metteur en scène, décorateur, comédien, scénariste. Il faut tout assumer…«